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On pressentait depuis Les heures du jour, portrait dérangeant d'un anonyme serial-killer, que l'Espagne comptait peut-être avec Jaime Rosales un cinéaste d'envergure. Goya 2008 du Meilleur Film, du Meilleur Réalisateur et de la Meilleure Révélation masculine, Le soledad confirme cette bonne impression. A la manière d'un Haneke, Rosales dilate les scènes, évite autant que possible les dialogues et impose les ruptures brutales de ton.
Toutes les critiques de La Soledad
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
- Paris Matchpar Christine Haas
Jaime Rosales, porté aux nues lors des Goya 2008, cherche de nouvelles manières d'évoquer les relations humaines et invente son propose langage. Sur un rythme implacable, dans des cadres simples et des dialogues minimalistes, il capte les fragments de solitude. Par un dispositif de polyvision qui coupe l'écran en deux, il enferme ses personnages dans leur confusion. En plans-séquences fixes, il expose leurs émotions. Sa méditation sur la vie est aussi une formidable proposition de cinéma non conventionnel.
- Fluctuat
La Soledad ne révèle son sujet qu'entre les lignes, laissant au spectateur le soin de combler les vides. Il faut du courage pour survivre à cette forme radicale, mais légitime, qui s'avère plus intéressante que passionnante.- Exprimez-vous sur le forum cinéma La Ciné-fondation de Cannes a vu juste puisque Jaime Rosales, à qui elle a offert de développer ce projet, a été récompensé par 3 Goyas. Un choix courageux pour un récit aride qui refuse tout pathos et se concentre sur le vide des conversations, les silences, les absences. Une démarche peu glamour qui cherche à caractériser, en creux, la vacuité et le matérialisme aliénant d'une société écrasante où chacun est seul. Le charme, et d'une certaine façon le problème de La Soledad, c'est qu'elle ne nomme jamais son sujet, préférant le suggérer sur le long terme, en étirant le temps. C'est parfois justifié et très efficace (la scène de l'attentat), parfois maniéré. Le film repose sur un parti pris formel qui consiste à diviser l'écran, près d'un tiers du temps, en deux parties verticales. Les personnages circulent de l'une à l'autre à l'inverse de nos attentes et repères habituels, sortant par la droite de l'écran pour rentrer par la gauche. Même en l'absence de splitscreen, ils restent le plus souvent (en)cadrés par de nombreuses lignes verticales et horizontales (étagères, murs, fenêtre, porte...) qui accentuent le sentiment de voir des corps prisonniers de cases étroites. A l'intérieur de ces images, ils apparaissent comme écrasés et sans relief. Jaime Rosales parvient ainsi à perturber autant notre perception du temps que de l'espace et suggère, d'une façon plutôt intelligente bien que trop théorique, combien il est difficile de changer les choses. D'ailleurs, les deux femmes, Antonia et Adela, qui essaient de s'extraire de leur « case » sont les plus sévèrement touchées : on ne déménage pas de ces vies-là. Cette forme a surtout le mérite d'être originale et respectueuse du spectateur. Elle n'impose rien et sollicite sa participation active pour combler les trous d'un récit qui manie l'ellipse de façon inattendue, refusant de surfer sur l'émotion facile. Il faut, certes, s'armer d'un minimum de courage mais l'effort est justifié car un malaise insidieux gagne, presque par surprise, grâce à l'usure née d'un procédé qui ne triche pas et distille son venin au compte-goutte. Une expérience originale pour cinéphile courageux.La SoledadDe Jaime RosalesAvec Sonia Almarcha, Petra Martinez, Nuria MenciaSortie en salles le 11 juin 2008Illus. © Bodega Films - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils réalisateur et festival de cannes sur le blog cinéma- Lire notre petite histoire du cinéma espagnol
Pariscopepar Virginie GaucherCes deux portraits juxtaposés, ancrés dans un quotidien banal ou tragique, touchent par leur sensibilité, leur réalisme, leur simplicité. Le réalisateur met l’accent sur la solitude des personnages à l’heure des drames, solitude renforcée par le choix artistique du split screen (la division de l’écran), filmant les angles morts d’une pièce, destructurant l’espace, optant pour des cadres isolant les personnages. Sans que ce choix soit jamais pesant. « La soledad » (la solitude) a été récompensée de trois Goyas d'or (l’équivalent des César), ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure révélation masculine pour le comédien José Luis Torrijo.
Le JDDpar Barbara ThéateLe réalisateur espagnol Jaime Rosales signe un portrait de femmes grave, mais subtil et touchant. La caméra, presque toujours fixe, se fait volontairement contemplative (parfois un peu trop), pour saisir le désarroi dans les regards et la douleur des silences. Le casting est impeccable, le film aurait gagné à être plus resserré.
Ellepar Helena VillovitchLe dispositif du double écran, séduisant au début, a tendance à perdre peu à peu le charme de la nouveauté. On est curieux, cependant de voir le troisième film.