- Fluctuat
Les Héros est le premier long métrage de Thomas Vinterberg, il fût réalisé bien avant Festen, film qui l'a révélé en 1998.
Cette comédie dramatique pourrait être un conte de fées déjantées ou bien un road movie à travers la Suède. Karsten (Thomas Bo Larsen) et Peter (Ulrich Thomsen) sont deux marginaux. L'un doit pointer régulièrement en prison, l'autre est épileptique. Leur vie va basculer, ou plutôt commencer, lorsque Karsten apprend qu'il est père d'une jeune fille de 12 ans, Louise (Mia Maria Back). Ils se rencontrent et c'est le coup de foudre. Il suffit que Louise lui dise que son beau-père la frappe pour que Karsten décide de l'emmener avec Peter en direction de la Suède pour y retrouver des amies. Le beau-père qui ne l'entend pas ainsi se lance à leur poursuite.Comment ne pas s'attacher à ces héros qui abandonnent leur fragile équilibre social pour sauver une jeune fille battue par un beau-père incestueux ? C'est un conte de fées où les personnages ne sont ni bons ni mauvais, avec de la violence, du rire, de l'amour mais jamais de sensiblerie.
On croirait les personnages tout droit sortis d'un film de Ken Loach. La caméra filme sans fioriture des hommes simples, un peu impulsifs, avec un penchant pour l'alcool et les femmes. En somme, des personnages ordinaires comme on en croise parfois. Ils n'ont rien de héros pourtant aux yeux de Louise ils sont de véritables sauveurs.
Le film débute par la voix off de la jeune fille : "J'étais sa princesse, j'étais tout pour lui, il était mon héros". Cette phrase d'introduction donne le fil de l'histoire : le don de soi, donner et recevoir, voilà ce que Vinterberg nous donne à voir et à ressentir. Comme dans Festen il aborde le thème de la famille, le modèle classique devient malsain, perverti par ce beau-père qui n'est pas sans rappeler le beau-père tyrannique de Fanny et Alexandre (Ingmar Bergman).Dans ce film onirique, les personnages traversent les paysages de la Suède comme dans un songe. Ce sont de grands enfants accompagnés d'une enfant déjà adulte. Le charme des Héros c'est sa légèreté, on s'amuse, on rit, on frémit à l'unissons de ces gens ordinaires capables de produire de l'extarordinaire. Le talent du réalisateur est de pouvoir intégrer à cette narration, dont le ton général est léger, de réels moments d'angoisse. Par une référence directe à La nuit du chasseur, en deux scènes, il nous plonge dans un univers suffocant et pesant.Les Héros est une réussite. Un film simple, brut et sympathique, jamais larmoyant, jamais grandiloquent. Une histoire pleine de mièvrerie, il est vrai, mais ne crachons pas sur les bons sentiments lorsqu'ils sont bien filmés : c'est assez rare !Céline MottinLes héros
De Thomas Vinterberg
Avec Thomas Bo Larsen, Ulrich Thomsen, Mia Maria Back
Danemark, 2000, 90 min.
- Lire la chronique de It's all about love (2002).
- Lire la chronique de Festen (1998).
Les Heros