L'acteur et réalisateur justifiait notamment le changement de fin par rapport au roman et le casting "parfait" de Kristin Scott Thomas.
L'adaptation du célèbre roman de Nicholas Sparks, L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, a fait sangloter des millions de spectateurs depuis sa sortie, en septembre 1998. Rapportant 186 millions de dollars dans le monde, ce drame a notamment été vu par 2,9 millions de Français au cinéma.
A l'origine, Robert Redford voulait engager Natalie Portman dans le rôle de Grace, la jeune fille blessée par son cheval, mais celle-ci déclina afin de jouer dans une adaptation théâtrale du Journal d'Anne Frank. C'est Scarlett Johansson qui fut finalement choisie, et, à seulement 13 ans, elle se révéla déjà une actrice talentueuse.
L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux : le film qui révéla Scarlett JohanssonPour celui de sa mère, le cinéaste pense d'abord à Emma Thompson (Love Actually), puis il mise finalement sur une autre comédienne britannique : Kristin Scott Thomas, la star de Quatre Mariages, un enterrement. "Je voulais quelqu'un qui soit capable de jouer la comédie et c'est une bonne actrice : elle aime ça, et elle prend ça au sérieux", racontait-il à Jean-Yves Katelan dans Première n°258. Elle a été très courageuse. Elle a essayé des choses qu'elle n'avait jamais essayées auparavant. Et ce n'est pas facile, spécialement pour une Anglaise. Les Anglais aiment être maîtres d'eux."
Robert Redford expliquait aussi pourquoi il avait pris la décision de changer la fin par rapport au roman. Un livre publié en 1995, dont il avait acquis les droits avant même qu'il n'arrive en librairies. Attention aux spoilers : "Le livre était très bon, mais cette fin-là, j'avais un peu l'impression de l'avoir déjà vue. [dans le livre, son personnage de cow-boy solitaire meurt.] Je voulais une fin plus dure et il me semblait que ce serait plus dur s'il était contraint de faire des choix qui demandaient des sacrifices et qu'il soit obligé de vivre avec !"
Avouant avoir été épuisé par ce tournage difficile, notamment parce qu'il n'est pas aisé de filmer des animaux, malgré tout l'amour qu'il porte aux chevaux (il précisait d'ailleurs au cours de cet entretrien en avoir huit à la maison), le créateur du festival de Sundance évoquait aussi l'évolution du cinéma indépendant : "La vérité, aujourd'hui, c'est que de plus en plus de films 'indépendants' sont grand public. Plus accomplis, techniquement meilleurs. Et les réalisateurs sont plus compétents, plus au courant des nouvelles techniques. Et je crois aussi que beaucoup de réalisateurs 'indépendants' mentent quand ils disent qu'ils ne sont pas intéressés par le succès. Ils le sont. (…) Le Sundance Institute est contre les recettes. Il existe pour célébrer la liberté dont devrait bénéficier un artiste. C'est un atelier où des cinéastes viennent travailler avec des gens plus expérimentés."
A l'époque, L'Homme qui murmurait à l'oreille des chevaux n'avait reçu que deux étoiles dans Première, même si Eric Libiot était finalement plutôt positif dans sa critique.
Regrettant des longueurs, il saluait tout de même "un film clair et limpide dans sa facture comme dans son propos. Ici, point de cynisme ni de coups de poing, pas plus que de personnages méchants ou de peaux de bananes. Tout est amour, comme dirait l'Autre. (…) On sait l'amour de Robert Redford pour les chevaux, le grand air, les herbes qui ondulent, le calme qui bruisse, le temps qui s'écoule (…). Il prend son temps pour laisser pousser les sentiments des personnages (l'amour entre Brooker et Annie en une magnifique scène de danse), pour capter les chevaux au galop, au trot, au pas, au galop, au trot (et si y en a trop, y en a encore)" Saluant au passage la belle photo du chef opérateur Robert Richardson (JFK, Aviator...), il concluait, un poil moqueur : "Il prend donc son temps, le Robert, filme ce qui lui plaît, le temps qui lui plait (2h40 en fait), et pour ceux qui ne sont pas contents, c'est la même chose."
L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux est à voir en VOD, notamment sur Première Max. Voici sa bande-annonce :
Robert Redford : "Je n'arrêterai jamais de jouer ou de réaliser"
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