Première
par Christophe Narbonne
Monteuse attitrée de Rémi Bezançon (Le premier jour du reste de ta vie, Zarafa), Sophie Reine partage avec son mentor le goût des chroniques intimistes contaminées par la dinguerie et l’émotion. Elle y fait le portrait de Denis, veuf qui élève ses deux filles selon une méthode atypique et, surtout, selon ses moyens limités. Ancien gauchiste, il privilégie le bordel et l’autogestion ; employé modeste, il fait des économies sur tout et n’importe quoi, recyclant tout ce qu’il peut. Ciblé par une enquête de l’assistance sociale, il va devoir rentrer dans le rang sous peine de perdre la garde de ses filles. Le doux géant Gustave Kervern est remarquable dans le rôle du papa gâteau un peu déconnecté de la réalité, incapable de faire face aux problèmes psy grandissants rencontrés par son aînée. Le film aborde la problématique du deuil et de la reconstruction l’air de rien, avec le souci de rester à hauteur des personnages que Sophie Reine regarde avec tendresse. Elle applique le même traitement au personnage de l’assistante sociale, joué par Camille Cottin, de moins en moins caricatural à mesure que l’intrigue avance. Il y a bien quelques trous d’air dans le scénario, des maladresses (les affreux tics de l’ado) mais le caractère touchant et un brin iconoclaste du film l’emporte sur ses petits défauts.