Toutes les critiques de Les convoyeurs attendent

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Les convoyeurs attendent est le premier long métrage de Benoît Mariage. Réalisateur, reporter photographe à Vers l'Avenir, il a réalisé de 1988 à 1989 plusieurs séquences pour Strip-Tease. Les fans du magazine ne s'étonneront pas de se sentir en terrain familier.
    En Belgique, les 'convoyeurs' sont chargés du transport des pigeons lors des rassemblements de colombophiles. Arrivés sur les lieux du lâcher, ils se renseignent sur la météo prévue sur le parcours des pigeons : si elle est bonne, ils lâchent les oiseaux ; si elle est mauvaise, ils retardent leur envol. Pour prévenir les propriétaires, les radios livrent l'information, tous les samedis matins, jour de compétition. Si "les convoyeurs attendent", c'est que le moment n'est pas propice à l'aventure.La métaphore, mise en image dans le film au travers de séquences hallucinantes, où des milliers de pigeons obscurcissent dans un fracas d'ailes un ciel qui n'en a pas besoin, donne le ton de l'ensemble. Quand on est pauvre et paumé au fond d'une friche industrielle, l'an 2000 prend des allures d'examinateur sadique. De son petit pavillon de la banlieue de Charleroi, Roger, journaliste de la presse locale, éprouve le besoin de se bouger le cul pour conserver sa dignité et, accessoirement, gagner une voiture. Pour entrer avec les honneurs dans le siècle nouveau, il entreprend de faire de son fils, un grand dadet sensible, un champion du monde de l'ouverture de porte. Il semble à Roger que cet exploit est à la portée de sa famille, qui entrera ainsi dans le Livre des Records. Le voisin, Michel, est là pour aider son ami Roger, à l'aide de méthodes révolutionnaires, à la hauteur de l'enjeu : ouvrir une porte 40 000 fois en 24 heures.Filmés en noir et blanc dans des paysages lunaires saisissants de proximité, Les convoyeurs attendent est un chef d'oeuvre humaniste, traitant pêle-mêle des équilibres familiaux, de l'espoir, de la folie, de la dignité humaine, des amis, des voisins, des petites manies qui font oublier les vies ratées et des grandes passions qui rachètent les échecs comme les traumatismes."Les personnages habitent dans la banlieue de Charleroi. Disons pour simplifier que Namur est une petit ville bourgeoise entre deux pôles industriels : Liège du côté de l'Allemagne, Charleroi du côté de la France. Mais Charleroi est en déclin, vit sur son passé minier et sidérurgique. Pour mon journal, j'ai eu l'occasion de sillonner la Wallonie, et je connais ce coin. Je tenais à ces paysages fortement typés, où, sur une toile de fond industrielle, la nature commence à reprendre ses droits : c'est l'image du terril recouvert d'herbe où Roger va chercher Luise. On est dans le réalisme, mais le décor porte déjà une charge poétique assez forte." [Benoît Mariage]Benoît Poelvoorde est exceptionnel en beauf excessif, fantasque, toujours en tension, à la fois drôle et repoussant de réalisme. Louise, la fille de Roger, est saisissante de beauté, de sensibilité et d'intelligence, figure du bien dans un monde glauque. Morgane Simon, à peine âgée d'une dizaine d'années, s'affirme comme une graine de talent prometteuse dans ce rôle difficile.Les Convoyeurs attendent
    de Benoît Mariage
    Avec Benoit Poelvoorde, Dominique Bayens, Jean-Francois Devigne, Morgane Simon, Bouli Lanners
    Film belge, Comédie dramatique (1999). Durée : 01h 34mn.
    Date de sortie : 15 Septembre 1999