2 Viêt and Nam

Le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul et ses films-rêves plaçant le sensoriel au cœur d’un processus d’envoûtement, ont fait des disciples. Ce Viêt and Nam rappelle le saisissement reçu à la découverte du très sensuel Blissfully Yours (2002) dont le générique (du moins le titre) arrivait comme ici à mi-parcours, une façon de décentrer notre rapport à l’espace et au temps. Nous suivons ici deux jeunes mineurs amoureux fous, chacun hantés par un père absent mort en soldat durant la guerre civile.

Thomas Baurez
3 Riverboom

En 2002, un an après les attentats du 11 septembre, le jeune photographe suisse Claude Baechtold a accompagné sur un coup de tête deux reporters au cœur de l’Afghanistan alors plongé en pleine guerre. Une aventure qui paraît parfaitement irresponsable tant le garçon se sent au départ aussi qu’angoissé qu’inutile sur ce territoire en ébullition... Ayant retrouvé il y a quelques années les images vidéo de ce périple qu’il croyait perdues, Baechtold en signe un montage dynamique et burlesque où l’expédition journalistique de trois pieds nickelés européens se révèle pleine d’autodérision.

Damien Leblanc
1 L'Heureuse élue

Un casting convainquant, un pitch percutant (un jeune homme qui engage une chauffeuse Uber et la fait passer pour sa future femme afin de soutirer de l’argent à ses riches parents) et pléthore de quiproquos apte à créer situations absurdes… Sur le papier, L’Heureuse élue avait tout de la comédie efficace de la rentrée. Pourtant, entre les gags attendus et une intrigue qui ne dépasse pas la caricature classiste, rien ne prend et la comédie se délite en quelque chose d’évident et impersonnel.

Bastien Assié

3 Les Belles créatures

Alors que la violence s’accentue dangereusement chez les jeunes Islandais, Balli, 14 ans, en est un souffre-douleur : chaque jour, il subit l’acharnement brutal de ses camarades de classe. Puis arrivent Addie, Konni et Siggi, trois morveux qui voient en lui un animal blessé et le prennent en pitié… jusqu’à créer un véritable lien. Tout le charme du film réside là, dans cette représentation de l’amitié masculine, mélange d’humiliation et d'affection.

Lucie Chiquer
2 After

Une soirée techno, une foule de trentenaires défoncés à la cocaïne et une jeune femme au yeux provocateurs qui ramène un presque inconnu chez elle pour tromper la solitude… A travers cette étude — qui se voudrait naturaliste ? — d’une teuf et de ses protagonistes, un premier long aux allures de mauvais clip musical, dans lequel les basses ne s’interrompent que pour laisser place à des dialogues embarrassants, malgré la toujours excellente Louise Chevillotte. Une seule question : pour quoi faire ?

Emma Poesy

 

3 Mother land

La filmographie d’Alexandre Aja a quelque chose de fascinant et de paradoxal : depuis vingt-cinq ans qu’il réalise, ses films ont toujours eu à la fois le feeling enthousiaste et maladroit des premières fois, et la sûreté due à l’expérience de l’artisan passionné. Aucun artiste n’est obligé au changement ou au bouleversement ; au contraire, c’est presque rassurant de savoir qu’Aja tourne ses films avec du métier mais surtout le plaisir d’un fan d’horreur à qui on vient tout juste de donner les clefs de son premier long-métrage.

Sylvestre Picard
Vivre, mourir, renaître
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Vivre, mourir, renaître

Gaël Morel l’a bien compris : peu importe que des thématiques aient déjà été abordées au cinéma tant que le regard peut être renouvelé et engendrer une œuvre puissante. L’histoire d’un couple (formé d’un conducteur de métro et d’une sage-femme) avec enfant qui rencontre dans les années 1990 un photographe dont le labo est situé juste à côté de chez eux va ainsi mener à un triangle amoureux puis au surgissement dévastateur du sida.

Damien Leblanc
Emmanuelle (affiche)
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Emmanuelle

Un film comme une succession d’obstacles à relever. Après son Lion d’Or pour L’Evénement, Audrey Diwan n’a pas choisi de se reposer sur ses lauriers en s’attaquant à Emmanuelle, le personnage créé par Emmanuelle Arsan et passé à la postérité au cœur des seventies quand Just Jaeckin s’en est emparé avec le triomphe en salles qu’on connaît. Autre temps, autres mœurs… On n’avait donc pas forcément anticipé son retour au cœur des années 2020, dans une époque post #metoo.

Thierry Chèze
Megalopolis - Francis Ford Coppola
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Megalopolis

La voilà enfin, l'arlésienne de Francis Ford Ford Coppola, ce film fantasmé il y a près de 40 ans pour lequel il a investi de sa poche 120 millions de dollars, et dont la colonne vertébrale consiste à calquer la chute de l’empire américain sur celle de l’Empire romain : à New Rome, sorte de New York futuriste, César Catilina (Adam Driver), architecte de génie capable d'arrêter le temps, s’écharpe avec le maire archi-conservateur Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito). L’un veut faire évoluer sa ville vers une utopie écolo, l'autre reste attaché au statu quo.

François Léger
3 Speak no evil

Speak no evil est le remake d’un film d’horreur psychologique danois de 2022, Ne dis rien (sorti chez nous directement en VOD), qui avait si bien buzzé dans la « Midnight section » du festival de Sundance que le producteur Jason Blum avait aussitôt jeté son dévolu sur lui. « Commentaire social + grosse angoisse = un matériau parfait pour Blumhouse ! », comme le résume très bien en interview James McAvoy, tête d’affiche de cette nouvelle version signée James Watkins (Eden Lake, La Dame en noir).

Frédéric Foubert
1 Veni vidi vici

Coincé quelque part en Europe entre Yórgos Lánthimos (Grèce) et Ruben Östlund (Suède), le cinéma autrichien a son lot de cinéastes adeptes de la torture, envers ses personnages comme ses spectateurs. Produit par Ulrich Seidl (ça annonce déjà la couleur), Veni vidi vici se présente dans un premier temps comme une comédie grinçante à charge contre les ultra-riches, enfants chouchous d’un capitalisme décadent.

1 Toxicily

« Mieux vaut mourir d’un cancer que mourir de faim », entend-on sur une plage sicilienne noircie par les fumées épaisses de l’un des plus grands complexes pétrochimiques d’Europe. Sacrifiée sur l’autel du progrès industriel, la belle Syracuse de carte postale cède la place à une terre toxique, un poumon malade où la pollution étouffe à travers l’écran.

3 Rue du Conservatoire

Valérie Donzelli n’est jamais là où on l’attend. Peu après son César pour L’Amour et les forêts, la voici aux commandes de son premier documentaire, né d’une rencontre avec Clémence, une élève du Conservatoire de Paris où elle a donné une master class. Rue du conservatoire accompagne le spectacle – un Hamlet revu et corrigé - que Clémence met en scène avant de quitter l’école.

Thierry Chèze
Ni Chaînes Ni Maîtres
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Ni chaînes ni maîtres

Situé en 1759 au cœur de l’Isle de France (l’actuelle île Maurice), le premier long métrage de Simon Moutaïrou (le co- scénariste de Boîte noire, Goliath..) suit le destin de Massamba et Mati, un père et sa fille, esclaves dans une plantation française de canne à sucre. Lorsque Mati s’enfuit, une cruelle chasseuse d’esclaves est chargée de la retrouver et Massamba s’évade à son tour.

Damien Leblanc
3 Jour de colère

L’an dernier, dans Saloum, Jean-Luc Herbulot s’amusait à marier les genres, composant ainsi une œuvre singulière et intrigante. Trois ans plus tard, il réitère l’expérience dans Jour de Colère – combinaison de thriller et fantastique gentiment dosée. Joey Starr y incarne Frank, un tueur à gages de la mafia italienne. Lorsqu’une issue vers la rédemption avec sa bien-aimée s’offre à lui, il la saisit. Mais en chemin, il rencontre un type étrange – c’est là que les ennuis reviennent.

3 Billy le hamster cowboy

Compilation de six épisodes de la série adaptant les albums jeunesse de Catharina Valckx, Billy, le hamster cowboy est une vraie bonne surprise.

Sylvestre Picard
Les Barbares Julie Delpy
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Les Barbares

Jamais là où on l’attend, Julie Delpy alterne dans sa carrière de réalisatrice les chroniques bobo expatriées (Two Days in Paris, On the Verge), les expériences plus audacieuses flirtant avec le genre (La Comtesse, My Zoe) et les comédies bien de chez nous. Avec ses stars au générique et son affiche aux couleurs vives sur fond blanc, Les Barbares appartient clairement à cette dernière catégorie. C’est un feel-good movie, oui, mais inspiré par l’humeur feel-bad de la France d’aujourd’hui.

Frédéric Foubert
3 Ma vie ma gueule

Sur scène, en février, en recevant une pluie de César pour Anatomie d’une chute, Justine Triet (qui l’avait dirigée dans Victoria) lui avait rendu hommage, porte- parole ce soir- là de nombre de voix du cinéma français qui avaient un attachement particulier à cette réalisatrice et scénariste (pour Beauvois, les Larrieu, Noémie Lvovsky), disparue le 31 juillet 2023 à seulement 58 ans. Ma vie ma gueule est donc l’ultime film de Sophie Fillières (dont les enfants Agathe et Adam ont terminé le montage)... mais aussi son meilleur.

Thierry Chèze
Affiche Les Graines du figuier sauvage
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Les Graines du figuier sauvage

Le contexte brûlant qui entoure un long-métrage peut produire des effets ambivalents. Qui plus est quand ledit film se retrouve en compétition à Cannes où cette présence peut tenir lieu de manifeste politique au dépend de sa seule puissance artistique. Mohammad Rasoulof, on le sait, est venu en exilé présenter ses Graines du figuier sauvage, fuyant le régime des mollahs qui l’empêche de bouger depuis des années.

Thomas Baurez
3 L'Effet Bahamas

Les chômeurs, c’est bien connu, profitent de leurs indemnisations pour partir sous les cocotiers. Dans le grand monde de l’assurance chômage, les professionnels appellent ça L’effet Bahamas et calculent très sérieusement le manque à gagner. La documentariste Hélène Crouzillat travaille depuis près de dix ans pour démêler les fils de cette idée reçue et surtout bien commode pour justifier les dettes abyssales liées à cette allocation. Ses Bahamas sont à Dunkerque, où tel un agent du FBI elle fixe sur un mur blanc les indices et les preuves. Elle démonte ainsi les rouages de cette machine.

Thomas Baurez
1 Silex and the city- le film

Bande dessinée à succès devenue une série animée sur Arte, la création comique de Jul (Julien Berjeaut de son vrai nom) a désormais son adaptation au cinéma. Au concept de format court transposant dans un univers préhistorique des références contemporaines vient donc s’ajouter une narration plus ample où un aller-retour des personnages dans le futur va déclencher une vaste révolution dans le petit monde de la Préhistoire.

Damien Leblanc
3 Le Léopard des neiges

Une équipe de journalistes chinois, un jeune moine et une famille de bergers se rassemblent au milieu des montagnes tibétaines enneigées. L’origine de cet attroupement singulier : un léopard des neiges qui s’est introduit dans un enclos pour dévorer neuf moutons. Alors que les autorités interdisent son exécution, les éleveurs cherchent à venger leur troupeau avant que l’animal ne fasse plus de dégât. Rapidement, les considérations éthiques, écologiques et même spirituelles se mêlent pour dépasser les barrières culturelles entre citadins et ruraux.

Affiche langue étrangère
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Langue étrangère

L’adolescence est un âge étrange, ingrat. Période de tous les changements, on la traverse comme un champ de guerre. C’est particulièrement le cas de Fanny (Lilith Grasmug, la merveilleuse héroïne du récent Foudre), lycéenne mal dans sa peau envoyée par ses parents chez Lena, une correspondante allemande qui, elle aussi, ne veut pas vraiment d’elle. À ses côtés, elle découvre peu à peu une autre culture, détachée de tous les préjugés qui semblaient lui coller en France, une jeunesse en colère et politisée mais aussi le désir aussi, et la perte de contrôle.

3 Anaïs, 2 chapitres

« Je voulais pas m’installer à mon âge à la base… J’allais reprendre mes études et m’installer plus tard, parce que travailler 80 heures par semaine pour gagner 300 euros par mois, ça va cinq minutes.» Accroupie dans son champ, Anaïs, corps mince et tête blonde, soigne ses plantes avec soin sous l’œil bienveillant de Marion Gervais, la réalisatrice de ce documentaire.

Le Procès du chien affiche
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Le Procès du chien

Actrice au jeu fantaisiste et à la filmographie variée, Laetitia Dosch s’est aussi illustrée dans un spectacle vivant (HATE) où elle partageait la scène avec un cheval. C’est donc en toute cohérence que son premier film comme réalisatrice explore de façon très personnelle et inspirée la condition animale.

Damien Leblanc
4 Kill

Dans les wagons d'un train de nuit, il n'y a pas mille et une manières de casser des gueules, une fois qu'on met face à face deux copains membre d'un commando d'élite de la police et pas moins d'une trentaine de braqueurs prêts à tout pour dépouiller les passagers.

Sylvestre Picard
Le fil - affiche
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Le Fil

Tout part pour Daniel Auteuil de la découverte d’un blog tenu par l’avocat Jean- Yves Moyart aujourd’hui disparu. Un journal intime dans lequel il racontait sa solitude, sa relation aux accusés qu’il devait défendre souvent seul contre tous. Le Fil est l’adaptation d’une de ces histoires. Celle de Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, dont la certitude de son innocence fait sortir Jean Monier de sa « retraite », lui qui après avoir fait innocenter à tort un meurtrier récidiviste, avait décidé de ne plus accepter de dossiers criminels.

Thierry Chèze
Affiche Dahomey
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Dahomey

La force du nouveau film de Mati Diop (Atlantique...), Ours d’or de la dernière Berlinale, tient à son sujet autour de la restitution par la France d’une poignée d’œuvres d’art béninois et au langage employé pour faire jaillir la réflexion suscitée par un tel évènement. Si les statues meurent aussi - pour reprendre le beau titre du film de Resnais et Marker (1953) - c’est bien qu’elles sont avant tout vivantes.

Thomas Baurez
Une première affiche et un titre pour la suite de Beetlejuice
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Beetlejuice Beetlejuice

Tim Burton à la recherche de lui-même, épisode… euh, combien déjà ? On a arrêté de compter. Depuis la fin de son âge d’or, au tournant du siècle (quelque part entre Sleepy Hollow et Big Fish), Tim Burton essaye désespérément de retrouver l’énergie et la fièvre de ses débuts, qui restera son âge d’or. Il a beau continué d’élargir son fan-club à chaque génération (le carton de Mercredi sur Netflix l’a prouvé récemment), d’être accueilli comme une superstar à chacune de ses apparitions publiques, il sait, au fond de lui, qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Frédéric Foubert
3 La Partition

Son titre original, Sterben (Mourir, en français) dit tout. La Partition ne fait rien pour se rendre aimable. Alors, conseil d’ami : accrochez- vous pendant sa première demi- heure mettant en scène l’inéluctable déclin physique d’un couple d’octogénaires, au réalisme insoutenable. Car passée cette entame, cette fresque familiale de trois heures élargit son spectre en se concentrant sur les destins croisés de leurs deux enfants. Un chef d’orchestre réputé sur le point de devenir le père de l’enfant de son ex et sa sœur qui se noie dans l’alcool.

Thierry Chèze