Langue étrangère L’adolescence est un âge étrange, ingrat. Période de tous les changements, on la traverse comme un champ de guerre. C’est particulièrement le cas de Fanny (Lilith Grasmug, la merveilleuse héroïne du récent Foudre), lycéenne mal dans sa peau envoyée par ses parents chez Lena, une correspondante allemande qui, elle aussi, ne veut pas vraiment d’elle. À ses côtés, elle découvre peu à peu une autre culture, détachée de tous les préjugés qui semblaient lui coller en France, une jeunesse en colère et politisée mais aussi le désir aussi, et la perte de contrôle. |
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3 | Anaïs, 2 chapitres « Je voulais pas m’installer à mon âge à la base… J’allais reprendre mes études et m’installer plus tard, parce que travailler 80 heures par semaine pour gagner 300 euros par mois, ça va cinq minutes.» Accroupie dans son champ, Anaïs, corps mince et tête blonde, soigne ses plantes avec soin sous l’œil bienveillant de Marion Gervais, la réalisatrice de ce documentaire. |
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Le Procès du chien Actrice au jeu fantaisiste et à la filmographie variée, Laetitia Dosch s’est aussi illustrée dans un spectacle vivant (HATE) où elle partageait la scène avec un cheval. C’est donc en toute cohérence que son premier film comme réalisatrice explore de façon très personnelle et inspirée la condition animale. |
Damien Leblanc | |
4 | Kill Dans les wagons d'un train de nuit, il n'y a pas mille et une manières de casser des gueules, une fois qu'on met face à face deux copains membre d'un commando d'élite de la police et pas moins d'une trentaine de braqueurs prêts à tout pour dépouiller les passagers. |
Sylvestre Picard |
Le Fil Tout part pour Daniel Auteuil de la découverte d’un blog tenu par l’avocat Jean- Yves Moyart aujourd’hui disparu. Un journal intime dans lequel il racontait sa solitude, sa relation aux accusés qu’il devait défendre souvent seul contre tous. Le Fil est l’adaptation d’une de ces histoires. Celle de Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, dont la certitude de son innocence fait sortir Jean Monier de sa « retraite », lui qui après avoir fait innocenter à tort un meurtrier récidiviste, avait décidé de ne plus accepter de dossiers criminels. |
Thierry Chèze | |
Dahomey La force du nouveau film de Mati Diop (Atlantique...), Ours d’or de la dernière Berlinale, tient à son sujet autour de la restitution par la France d’une poignée d’œuvres d’art béninois et au langage employé pour faire jaillir la réflexion suscitée par un tel évènement. Si les statues meurent aussi - pour reprendre le beau titre du film de Resnais et Marker (1953) - c’est bien qu’elles sont avant tout vivantes. |
Thomas Baurez | |
Beetlejuice Beetlejuice Tim Burton à la recherche de lui-même, épisode… euh, combien déjà ? On a arrêté de compter. Depuis la fin de son âge d’or, au tournant du siècle (quelque part entre Sleepy Hollow et Big Fish), Tim Burton essaye désespérément de retrouver l’énergie et la fièvre de ses débuts, qui restera son âge d’or. Il a beau continué d’élargir son fan-club à chaque génération (le carton de Mercredi sur Netflix l’a prouvé récemment), d’être accueilli comme une superstar à chacune de ses apparitions publiques, il sait, au fond de lui, qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même. |
Frédéric Foubert | |
3 | La Partition Son titre original, Sterben (Mourir, en français) dit tout. La Partition ne fait rien pour se rendre aimable. Alors, conseil d’ami : accrochez- vous pendant sa première demi- heure mettant en scène l’inéluctable déclin physique d’un couple d’octogénaires, au réalisme insoutenable. Car passée cette entame, cette fresque familiale de trois heures élargit son spectre en se concentrant sur les destins croisés de leurs deux enfants. Un chef d’orchestre réputé sur le point de devenir le père de l’enfant de son ex et sa sœur qui se noie dans l’alcool. |
Thierry Chèze |
Une vie rêvée La famille inspire décidément Morgan Simon. Dans son premier long, Compte ses blessures, il était question d’une relation père- fils. Ici, il s’agit encore d’un fils (Félix Lefebvre, remarquable) mais confronté à une mère trop donc mal aimante. Quelqu’un qui a toujours jonglé avec les galères de fric avant qu’ils finissent par la rattraper, privée de chéquier et de carte bleue à la veille de Noël. La goutte d’eau qui va faire imploser cette relation (trop) fusionnelle. On pourrait reprocher à Simon d’arpenter des sillons déjà beaucoup explorés par le cinéma français. |
Thierry Chèze | |
2 | Mi bestia Dans la Colombie des années 1990, Mila, 13 ans, entre dans l’âge fatidique de l’adolescence. Pendant ce temps, le diable menace de faire son apparition lors d’une éclipse de lune… Pour son premier long-métrage, Camila Beltran a la bonne idée d’emprunter au cinéma fantastique pour raconter la quête d’indépendance de son personnage, tiraillée entre un beau-père déviant et une mère plus ou moins dévouée. |
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2 | Mi bestia Dans la Colombie des années 1990, Mila, 13 ans, entre dans l’âge fatidique de l’adolescence. Pendant ce temps, le diable menace de faire son apparition lors d’une éclipse de lune… Pour son premier long-métrage, Camila Beltran a la bonne idée d’emprunter au cinéma fantastique pour raconter la quête d’indépendance de son personnage, tiraillée entre un beau-père déviant et une mère plus ou moins dévouée. |
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Tatami Après avoir été le visage des Nuits de Mashhad et la voix de Sept hivers à Téhéran, l’actrice Zar Amir Ebrahimi passe derrière la caméra. Et ce tout en restant devant même si elle n’est cette fois-ci pas le personnage central du récit mais incarne l’entraineuse de Leila, une judoka iranienne pleine d’espoir (Arienne Mandi, d'une intensité à couper le souffle). Ensemble, elles se rendent au championnat du monde en Géorgie et forment un binôme indestructible... jusqu’à ce que la fédération iranienne en décide autrement. |
Lucie Chiquer | |
4 | A son image Aussi sûr qu’une photographie a la propriété de suspendre le temps et par la même de créer du souvenir, l’image de cinéma condamnée au mouvement y ajoute possiblement un surcroit de réalité. Ici et là, la vie est menacée puisque ce qui est saisi n’est déjà plus. La jeune héroïne d’A son image, nouveau long-métrage de Thierry de Peretti adapté du roman de Jérôme Ferrari, armée d’un appareil photo s’emploie à ne tenir compte que du présent refusant d’être « une trace de plus ». |
Thomas Baurez |
3 | Toubib Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les études de médecine sans jamais oser le demander. En 2010, Antoine Page se lance dans le projet ambitieux de documenter tout le parcours universitaire de son frère, Angel. Pendant 12 ans, le réalisateur nous rend témoins des réflexions et des doutes de son cadet, depuis la rentrée en première année de médecine jusqu’à l’obtention de son diplôme, en passant par ses nombreux stages et son année à l’étranger. |
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3 | Fêlés Il y a du Un p’tit truc en plus dans ce Fêlés. Le même talent à parler de différence sans verser dans la sensiblerie. Duthuron (Les Vieux fourneaux) s’empare ici de l’histoire de l’Arc- en- ciel, une association de Marmande qui accueille des personnes brisées par l’existence et les aide à affronter ces petites choses du quotidien devenues montagnes impossibles à gravir. |
Thierry Chèze |
3 | Septembre sans attendre La rencontre, le premier rendez-vous, les premières confessions… Quelques éléments qui font d’un film une comédie romantique par excellence, mais que Jonás Trueba prend plaisir à esquiver. Lui préfère filmer le désamour, raconter la fin d'une idylle plutôt que son début, en pointer du doigt la beauté. Mieux : il le dédramatise. Car ici, pas d’amertume entre Ale et Alex (Itsaso Arana et Vito Sanz, comédiens fétiches du cinéaste), mais un lâcher- prise alors que le couple décide d’organiser une grande fête pour célébrer leur rupture. Car comment, sinon, se dire au revoir ? |
Lucie Chiquer |
La nuit se traîne Nouveau talent du cinéma de genre belge, Michiel Blanchart avait réussi un coup de maître avec son court métrage T’es morte Hélène, comédie d’épouvante short-listée aux Oscars qui a entre autres tapé dans l’œil de Sam Raimi. Le même type de générosité débridée anime le premier long métrage du cinéaste, thriller d’action se passant quasiment en temps réel dans une Bruxelles nocturne où ont lieu des manifestations proches du mouvement Black Lives Matter. |
Damien Leblanc | |
3 | Dreaming walls C’est un lieu qui est entré dans la légende : tout au long du XXe siècle, des dizaines de personnalités, parfois célèbres, parfois encore méconnues, ont séjourné au Chelsea Hotel, à New York. Cette immense bâtisse de briques rouges où vécut un temps Patti Smith. Le visage encore poupin de la chanteuse et poétesse — qui a elle-même raconté ce lieu dans Just Kids, un récit autobiographique —, est capturé par une vieille caméra. Son enthousiasme sert d’ouverture à ce documentaire, que l’on sent dès les premières minutes emprunt d’une forte nostalgie. |
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2 | La Belle affaire Prenez deux acteurs allemands avec une belle carrière internationale (Sandra Hüller et Max Riemelt), ramenez - les au bercail et faites les jouer dans une comédie sociale située au lendemain de la chute du mur de Berlin. Qu’est-ce que cela donne ? Un film aguicheur dans un premier temps, qui rappelle plutôt bien que les ouvriers de l’ex-RDA ne vivaient pas dans un monde en noir et blanc où tout le monde tire la tronche. |
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Alienoïd- L'Affrontement Cinq mois après la sortie du premier volet en France, la saga Alienoid revient avec un deuxième épisode toujours plus ambitieux. Son héroïne, Ean, navigue désormais entre deux époques, le XIVème siècle et le XXIème siècle, pour combattre des aliens cherchant à s’emparer d’un pouvoir secret et infiniment puissant, qui menace le futur de notre planète. Comme dans le premier film, on ne comprend pas chose à l’intrigue, qui évolue lourdement entre des bastons superbement chorégraphiés et des blagues sans intérêts. |
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3 | Paradise is burning Nulle place ici pour un long temps d’exposition. Les trois héroïnes de Paradise is burning déboulent littéralement à l’écran. Sans faire les présentations. Une façon d’annoncer la couleur : ce qui compte pour elles, c’est ce qui se passe ici et maintenant et cette manière d’être toujours en mouvement, qu’elles volent dans un supermarché ou s’enfuient d’une piscine privée squattée avec leurs copines avant de se faire gauler. Elles sont trois : une ado, Laura et ses deux jeunes sœurs Steffi et Mira. Laura, l’aînée et la chef de famille car leur mère a quitté le domicile familial. |
Thierry Chèze |
2 | La Prisonnière de Bordeaux Il y a celle du désert de Ford. Mazuy invente celle de Bordeaux. Elles sont plurielles : la grande bourgeoise et la prolo, bientôt aimantées par une douleur (peu) commune : leur mari respectif est sous les verrous. Au centre, une belle maison entourée de barres d’immeubles à la place de la terre ocre de Monument Valley. Le western de classes sociales qui s’opère intrigue même si tout semble trop en place (les actrices, le décor, l’intrigue...) Alors on guette la faille. « Le monde est dur » apprend-on, les gens passent leur temps à mentir, se tromper. |
Thomas Baurez |
The Crow La formule magique John Wick a-t-elle réussi à arracher le reboot/remake de The Crow du development hell ? Le projet zonait avec la franchise du même nom dans les brumes DTV depuis des décennies (levez la main : qui a vu The Crow : Wicked Prayer avec Edward Furlong, Dennis Hopper et David Boreanaz en 2005 ?), et a vu passer bien des noms à son générique depuis qu'on en parle (c'était en 2008 - faîtes vos recherches…). |
Sylvestre Picard | |
3 | Blink twice Par un concours de circonstances, deux copines (Naomi Ackie et Alia Shawkat), qui bossent comme serveuses dans des galas mondains, se retrouvent invitées sur l’île privée d’un magnat de la tech (Channing Tatum), en compagnie d’une poignée de riches fêtards. Les deux jeunes femmes n’en reviennent pas de leur veine : l’île est paradisiaque, la bouffe délicieuse, le milliardaire adorable, ses amis très accueillants, le champagne coule à flot et les joints sont un peu plus gros chaque jour. |
Frédéric Foubert |
Zénithal Réalisateur en 2012 du remarqué court métrage La Bifle, Jean-Baptiste Saurel a choisi pour son premier long métrage d’offrir une suite à cette extravagante comédie d’action. On retrouve donc, plus de dix ans après, le couple formé par Sonia (Vanessa Guide) et Francis (Franc Bruneau), homme qui était dans La Bifle terriblement complexé par la taille de son appareil génital. |
Damien Leblanc | |
2 | Sylvanian families le film: Le Cadeau de Freya Ce mini film (dans lequel une petite lapine cherche le plus beau des cadeaux d’anniv’ pour sa maman) tout simple destiné au plus jeune des publics ne propose pas grand-chose d’autre que son apparence mignonne : et encore, on ne vous en voudra pas de trouver les jouets originaux encore plus kawai. Une animation en stop motion, avec les personnages en « vrai », aurait sûrement mieux servi la franchise que ces bouts d’histoire à la dérive. |
Sylvestre Picard |
1 | Rodéo Dans le top des pères célibataires nouant un lien avec leurs filles, on retrouve le Paul Mescal d’Aftersun, le Harris Dickinson de Scrapper… Et puis loin derrière, le papa camionneur de ce Rodéo, Serge Jr qui préfère kidnapper sa fille et l’emmener en road trip. Difficile en effet d’éprouver de l’empathie pour cet homme qui enchaîne les décisions douteuses, voire les conneries grotesques (laisser un gun à portée de main de Lily, 9 ans…). Et, par ricochet, le résultat se révèle peu attendrissant. |
Lucie Chiquer |
Project silence Un carambolage, un pont sur le point de s’effondrer, du brouillard à couper au couteau, quelques militaires désemparés, des chiens dressés à tuer sur commande et une poignée de survivants pour jouer la chair à saucisse : voilà à peu près le programme complet de Project Silence, film catastrophe à forte tendance série Z, projeté en séance de minuit lors du Festival de Cannes 2023. |
François Léger | |
1 | Hijo de sicario Comment échapper à la violence systémique engendrée par les cartels ? C’est à cette question que ce film tente de répondre, non sans redondance, en suivant sur plusieurs années le destin d’un jeune Mexicain après la mort de son père, tueur à gages déchu. Mais difficile de ne pas tomber dans le déjà vu. D’autant plus que le récit, fugace et dénué de tension, effleure son sujet et ne parvient pas à cultiver le mysticisme introduit en début de film. On en ressort finalement plus indifférent qu’envoûté… |
Lucie Chiquer |
3 | Girls will be girls Quelle année pour le cinéma indien ! Après All we imagine as light (premier film indien en compétition à Cannes depuis… 30 ans, sacré Grand Prix du Jury) et Santosh (qui a connu un joli succès cet été), ce premier long réussit à mêler récit d’apprentissage, chronique d’une relation mère- fille riche de troubles et de non- dits et portrait implacable d’une société de la société indienne où la menace de la violence masculine, née d’un sentiment de toute puissance, continue de faire des ravages. Son héroïne Mira a 16 ans. |
Thierry Chèze |