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Simon Pegg et Nick Frost affronteront des zombies à partir de 20h55 sur Arte.

A l'occasion de la diffusion de Shaun of the Dead ce soir sur Arte, nous republions un extrait de la story Cornetto publiée dans le numéro de février 2014 à l'occasion de la sortie DVD du Dernier pub avant la fin du monde.

L’interview zombies d’Edgar Wright, George Romero et Simon Pegg

Le 9 avril 2004 sort (en Angleterre) un petit film de zombies so british qui a pour titre Shaun of the Dead. Hommage frontal à George A. Romero, Shaun... se veut une déclinaison directe de la formule gagnante mise au point avec Spaced, la série de Nick Frost, Simon Pegg et Edgar Wright qui clamait haut et fort l’amour des trois compères pour les morts-vivants et le jeu Resident Evil 2. La méthode d’écriture est la même : Frost flotte au-dessus de la tête de Simon et d’Edgar telle une muse, tandis qu’ils noircissent des pages de répliques, de petits dessins rigolos, de déplacements de personnages, etc., qui finissent par donner un script. Dans le contexte pop culturel de l’époque, le zombie est un lointain souvenir 80s que Shaun... et d’autres longs métrages s’apprêtent, cette année-là, à remettre sur le devant de la scène.

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L'Evangile selon saint Romero
« C’est cyclique, se souvient Edgar. Les jeux Resident Evil de Capcom ont restitué la vision de Romero jusqu’à nous inspirer nous. Lorsqu’on a débuté l’écriture du script, on pensait que notre film de zombies était le seul en cours de production, que ça n’intéressait personne... » Simon enchaîne : « On a donc attaqué l’esprit serein, persuadés qu’on ne viendrait pas nous emmerder. Mais là, en pleine rédaction du scénario, sortent 28 Jours plus tard (Danny Boyle, 2003) puis L’Armée des morts (2004), le remake du Zombie de Romero, réalisé par Zack Snyder. On était paniqués. On était censés être le déclencheur du revival mais on se retrouvait soudain à la traîne. Finalement, chacun a profité du succès de chacun. » Dans Shaun of the Dead, la comédie s’appuie sur les réactions bêtement humaines des personnages face à une menace bien réelle, tandis que la romance se construit sur le modèle du trentenaire avachi et incapable de grandir cher à Nick Hornby. L’horreur referme finalement ses griffes sur un petit pub de quartier où l’apocalypse bascule dans l’intime, au risque de l’émotion. L’Évangile selon saint Romero est respecté : zombies pas rigolos, épidémie inexpliquée, têtes explosées à la Winchester, mouvements de foule anxiogènes... Coup d’essai et coup de maître pour Pegg, Wright et Frost, qui inventent un style, une manière de réinvestir, par le genre et l’effusion geek, le champ dévasté de la bonne comédie de mœurs à l’anglaise (la production 50s des studios Ealing et Rank). Soit le système parfait pour entretenir et soigner leurs névroses d’hommes-enfants.

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Succès immédiat
L’industrie prend note, le succès est immédiat (sauf en France, où Shaun of the Dead attire péniblement 120 000 spectateurs, leur moyenne au box-office pour toute la « trilogie Cornetto »). Le film fait alors le tour de la planète et révèle au monde entier l’existence de fanboys anglais cool et branchés. Quentin Tarantino le classe en troisième position dans son top des plus grands films de zombies de tous les temps et George Romero hérite en retour d’une seconde carrière (« On préfère penser que c’est George, par le biais de ces remakes et de ces hommages, qui s’est lui-même remis au goût du jour »). « Anoblis », les boys deviennent la coqueluche de la communauté geek de Hollywood. Edgar se souvient : « Peter Jackson voulait nous rencontrer, Spielberg était fan, Romero nous faisait jouer des zombies dans son dernier film... C’était dingue. Heureusement qu’on travaillait d’arrache-pied sur Hot Fuzz à ce moment-là, sinon, on aurait sûrement pété les plombs ! »

Benjamin Rozovas


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