Monsieur Klein Alain Delon
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La disparition de l'acteur français a eu un retentissement majeur partout sur la planète.

Il était l'un des derniers monstres sacrés du cinéma français. L'une des dernières icones tricolores à l'international. Alain Delon est mort et la presse du monde entier lui rend hommage ce lundi matin.

A Hollywood, l'incontournable Variety fait d'abord la comparaison avec Jean-Paul Belmondo, décédé en 2021, et qui a "défini le cool français au début de la Nouvelle Vague dans « À bout de souffle » de Godard. Delon et Jean-Pierre Melville l’ont redéfini de manière très consciente dans Le Samouraï, dans lequel il incarne un tueur à gages qui ajuste toujours son fédora, pour qu’il soit parfait, entraînant une comparaison avec James Dean. Mais cette comparaison est limitée : alors que l’acteur américain avait tendance à jouer des explosions émotionnelles dans ses performances, Delon était loin d’être un expansif. Ce qui était considéré comme cool dans Le Samouraï semblait bien plus froid dans un film moins important, comme « Un Flic ». Néanmoins, il est difficile pour les Américains de comprendre l’étendue de la renommée de Delon dans les années 1960 et 1970, non seulement en France, mais dans des régions aussi diverses que le Japon, la Chine communiste et l’Amérique latine..."

The Hollywood Reporter rappelle de son côté qu'Alain Delon, malgré cette popularité, n'a jamais réussi à Los Angeles : "Avec son physique sombre et séduisant, il a joué dans certains des plus grands films européens des années 1960 et 1970. Mais bien qu'il ait été une idole des cinémas européens, Delon n'a jamais réussi à devenir une star à Hollywood. Il s'y est installé en 1964, a signé des contrats avec la MGM et la Columbia et a tourné dans six films. Mais il n'a pas réussi à percer et est parti en 1967..."

Le New York Times souligne malgré tout "la grande beauté" d'Alain Delon, un terme qui revient avec insistance dans les hommages du monde entier. Comme ce journaliste du Guardian qui écrit, outre-Manche : "Fascinant et magnifique, Alain Delon était l’une des stars les plus mystérieuses du cinéma (...) Il était un symbole de la beauté perdue des années 60 (...) Alain Delon, dans toute sa beauté étrange, à couper le souffle, presque extraterrestre, était l’une des stars masculines les plus belles – peut-être la plus belle – de l’histoire du cinéma. Une beauté très différente de la beauté hollywoodienne, plus candide, comme celles de Paul Newman ou de Robert Redford".

La BBC rappelle de son côté que, pendant des décennies, le public français a suivi les aléas de la vie amoureuse tumultueuse d'Alain Delon, "une vie amoureuse toute aussi prolifique que sa vie au cinéma (...) une vie personnelle haute en couleur qui a régulièrement fait la une des journaux tandis qu'il charmait et séduisait à travers toute l'Europe au plus fort de sa gloire."

Le journal allemand Bild souligne dans la foulée qu'Alain Delon était "aussi un gamin. C'était un égoïste. C'était Le macho de Paris. Alain Delon était autant un homme de rêve qu'un cauchemar pour les femmes", tient à préciser le journaliste, qui surnomme l'acteur français le « Ice Cold Angel » (l'ange glacial).

Même tonalité du côté italien, où le Corriere de la Serra dresse en ouverture un portrait sinistre de l'acteur, "l'un des plus séduisants du cinéma, une légende, qui a connu une fin de partie compliquée. Surtout pour des raisons familiales, au centre d'un litige qui a vu ses enfants s'opposer au tribunal (...) Et il y a aussi eu cette franco-japonaise, Hiromi Rollin, qui se présentait comme sa compagne (...) Alain Delon était souvent malade, il souffrait d'avoir été abandonné par sa douce jeunesse, au point d'envisager le suicide, mais sa fin fut ensuite plus banale".

Dans le reste du monde, le Japan Times, au Japon, se souvient de "son image d'idole et sa personnalité à la James Dean, qu ont fait de lui l'un des acteurs les plus acclamés de son pays", tandis que la chaîne arabe d'information Al Jazeera conclut en soulignant les polémiques publiques qui ont émaillés les dernières décennies de sa carrière : "Même s'il était adoré par beaucoup, Alain Delon faisait également face à de nombreuses critiques. Il soutenait le politicien Jean-Marie Le Pen, chef du Front national d'extrême droite (...) Ce militant de droite autoproclamé a aussi beaucoup été moqué pour son ego, lui qui parlait souvent de lui à la troisième personne..."