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Des agriculteurs de "L’amour est dans le pré" aux internes de "Vocation médecin", nouveau doc qu’elle présente sur M6 le 14 février sur M6, tout le monde lui parle sans réserves ! Parce que Karine est attentive, chaleureuse, drôle. Ces qualités, elle les a façonnées toute petite, quand sa vie n’était pas si facile… Confidences.

Vocation médecin est un documentaire sur les médecins, que peut-il y avoir de nouveau ?Karine Le Marchand : Pour une fois, on se place du point de vue des soignants. Huit d’entre eux nous montrent les affres de l’internat, soit leurs quatre dernières années d’études avant la thèse de doctorat. Ces étudiants se retrouvent face à de vrais patients qu’il faut diagnostiquer et soigner. Sans oublier les moments où il faut annoncer une maladie grave avec tact. Les internes n’y sont pas préparés : ils n’ont reçu aucun cours de psychologie durant leurs six premières années d’études. Ça me paraît fou !Vous êtes toujours très investie dans vos sujets. D’où vous vient cette humanité, ce goût pour les autres ?Donner la parole à autrui, c’est ce qui manque le plus dans notre société. L’échange est vital. Dans ma famille, les secrets et non-dits ont plombé les générations précédentes. Toute petite, j’ai pris conscience que la parole était le meilleur des médicaments. Ma différence physique – brune typée dans une famille de blonds à Nancy, celle de ma mère – m’a sans doute aussi sensibilisée aux différences.Vous avez souffert de votre métissage ?Non, mais ma sœur aînée oui. Question de personnalité. Elle était plus sensible aux critiques et aux moqueries. Moi, j’en ai fait une force : j’aime être différente.Vous êtes très douée pour recueillir les confidences… Comment l’expliquez-vous ?Je me suis toujours intéressée à l’étude des caractères et des comportements. Outre mes lectures, j’ai beaucoup appris en animant Les Maternelles (France 5). Cinq ans d’émissions quotidiennes sur la famille, le couple, la sexualité…Les agriculteurs que vous interviewez dans L'Amour est dans le pré ne sont pas de grands bavards. Comment les mettez-vous en confiance ? Vous les rencontrez avant le tournage ?Surtout pas ! Je les découvre quand M6 a fait son choix, en visionnant leurs portraits filmés. Et je cherche à les comprendre. Le jour du tournage à la ferme, je les mets à l'aise en leur racontant mes blagues à deux balles. Ils rient, se détendent et réalisent que ce n'est qu'une conversation entre deux personnes. En plus, je leur fais croire que la caméra ne tourne pas encore, que je les préviendrai quand on commencera. En réalité, on filme depuis longtemps...Vos "blagues à deux balles" ?J’ai toujours adoré ça ! Aujourd’hui, je note dans mon agenda les citations qui m’amusent. Ma préférée, cynique mais vraie : "la vie est dure et après, on meurt" ! Donc, profitons de la vie ! Petite, j’avais un carnet de blagues, classées par thèmes. Tout le monde y avait droit. Surtout maman ! J’ai pris la place du clown pour la faire rire parce qu’elle était triste et fragile. Dans les années 70, c’était dur pour elle, secrétaire de direction, de nous élever seule après le départ de mon père.Votre père est parti quand vous aviez un an et demi. L’avez-vous revu depuis ?Oui, par hasard, lors d’un reportage au Burundi pour TV5, j’ai rencontré quelqu’un qui le connaissait, et l’a prévenu. J’ai filmé notre rencontre en l’interrogeant sur les motifs de son départ et de son absence de nouvelles. Nous nous sommes revus plusieurs fois, je n’avais pas grand chose à lui dire. A mon départ, j’ai découvert une belle note de bar : toutes ses consommations étaient mises sur le compte de ma chambre. Je ne l’ai plus jamais revu. Il est décédé du sida, il y a douze ans.Récemment dans le Petit Journal de Canal +, le trublion Yann Barthès, s’est moqué de vous [Il l’a présentée comme "émerveillée par le foin", qui rit en toute occasion]. Comment l’avez-vous pris ?Quelle rigolade ! Je suis celle dont on se moque tout le temps. A la maison, ma fille, mon mec, mes  beaux-fils n’arrêtent pas. J’adore !Et si vous aviez une marionnette aux Guignols ?Les voir exagérer mes traits, ça risque de m’agacer…Dans votre métier, quelle image pensez-vous donner ?Je suis assez crainte. Carrée. Je fais ce que je dis et dis ce que je fais. Et j’attends ça des autres. Je n’ai pas de temps à perdre avec la fausse camaraderie. Nombreux sont ceux qui vous font croire, le temps d’une production, que vous êtes amis. Ensuite, plus rien. Donc, je cloisonne. Je suis une fille de l’Est : un peu froide au début, mais quand on ouvre la porte, c’est pour la vie.Comment vous voyez-vous ? Vos principales qualités, vos défauts ?Je suis droite. Et rigide. J’anticipe pour que personne ne manque jamais de rien à la maison, notamment quand je pars en voyage. Cela me rassure, tout en me rendant un peu casse-pieds car je ne délègue rien. Cela dit, mon compagnon [L’ex-footballeur Lilian Thuram] ne m’a jamais supplié de lui laisser remplir le frigo : ça l’arrange !Qu’aimeriez-vous changer en vous ?Devenir moins anxieuse. Voir les choses comme Lilian, il est super cool ! Avec lui, tout peut toujours s’arranger. C’est très apaisant.Mais Lilian Thuram prend position avec force sur des sujets de société…Ce n’est pas un hasard s’il a été défenseur de foot. Lilian se bat pour ceux qui n’en n’ont pas les moyens et a créé et financé la fondation Éducation contre le racisme. Il est courageux, pas politique, pas financé par une grosse entreprise et, donc, n’a rien à perdre. Un luxe !Et pour vous, star du petit écran, c’est trop risqué ?Oui, ma parole engage la chaîne qui me paie. Nous vivons dans une société hyper langue de bois. Aujourd’hui Coluche ne pourrait plus rien dire.Lilian s’est prononcé pour le mariage pour tous. Et vous ?J’ai la même conviction. Nous avons l’un et l’autre grandi sans père, donc sans référence masculine. Or nous sommes équilibrés. En quoi est-ce différent d’un enfant élevé par deux mamans ?Si l’Amour est dans le pré, le bonheur est-il dans le couple ?Vivre à deux est un travail d’adaptation permanent, très dur. J’ai beaucoup d’admiration pour les gens qui sont ensemble depuis vingt ans, et heureux.Mais vous ne vous êtes jamais mariée…J’ai trop peur que ce pacte public transforme la relation, la rende rigide.Est-il vrai que vous n’avez jamais été plaquée ?Oui. Je préfère le faire moi-même, pour garder la tête haute.Faites-vous du sport avec Lilian ?Je ne fais plus de footing avec lui car il m’attend, ça m’énerve et il s’ennuie ! Je trotte à mon rythme, des semi-marathon de 20 kilomètres, trois à quatre fois par semaine. Par temps froid, je pratique le stepper en salle.Vous mesurez 1,78 pour 58 à 60 kilos et vous avez eu des problèmes d’anorexie/boulimie à l’adolescence. Surveillez-vous votre poids ?J’ai entamé mon premier régime à 11 ans, ma sœur m’avait dit que j’avais de grosses fesses. Je me nourrissais exclusivement de pamplemousse et de thon, si bien que j’ai fini par me blesser en ouvrant une boîte. J’en ai gardé une cicatrice à la main. J’ai même pris des médicaments comme le Médiator ! [retiré de la vente en 2009 en raisons de ses effets secondaires, ndlr] Aujourd’hui, je continue à faire attention pour compenser ma consommation de chocolat, ma gourmandise préférée : j’en mange jusqu’à 200 grammes chaque soir !Quel enfant étiez-vous ?Garçon manqué et grande gueule. J’épuisais les profs en argumentant jusqu’à ce qu’ils craquent.Et vous arrêtez vos études deux mois avant le bac…Je ne savais pas ce que je voulais faire, mais j’avais hâte de travailler. J’ai tout plaqué et je suis partie à Paris, au grand dam de ma mère.Avec Alya, votre fille de 10 ans, quelle mère êtes-vous ?Très exigeante. Je la pousse à défendre ses points de vue, à s’affirmer, à devenir autonome.Et si plus tard, elle vous faisait le même coup ?J’en serais malade !Aujourd’hui, quel genre d’émission aimeriez-vous faire ?Un talk-show comme celui d’Oprah Winfrey, qui mêle des moments légers et plus graves. J’aime jouer le chaud et le froid, passer du rire aux larmes…Par Caty Dewanckèle de Télé 7 Jours