Nous nous sommes tant aimés (1974)
L’épopée ironique de trois amis (Nino Manfredi, Vittorio Gassman et Stefano Satta Flores) unis par la guerre et les idéaux, qui à la libération veulent changer le monde et constatent plus tard, désabusés, que c’est le monde qui les a changés. Un des plus beaux films du cinéma italien qui marquait définitivement la consécration du génie. Longtemps avant l’invention de l’appellation postmoderne, Scola en annonce sans le savoir les caractéristiques, lorsqu’il multiplie les références au 7ème art et demande à Vittorio De Sica (auquel le film est dédié), à Fellini et à Mastroianni de jouer leurs propres rôles.
Affreux sales et méchants (1976)
Probablement le chef-d’œuvre de Scola. Le titre dit tout, décrivant la vie d’une famille de pouilleux, entassés dans un taudis romain au début des années 70, sous l’autorité d’un patriarche monstrueux, incarné par Nino Manfredi. Le reste de la distribution est composé d’acteurs non professionnels. A l’origine, le projet était un documentaire sur les vrais bidonvilles de Rome (ils ont perduré jusqu’en 1977), mais typiquement, Scola a préféré en faire une comédie grinçante sur un sous-prolétariat menacé par l’urbanisation. Prix de la mise en scène à Cannes 76.
Une journée particulière (1977)
A Rome, le 8 mai 1938, alors que la ville entière assiste à la rencontre entre Hitler et Mussolini, une femme au foyer (Sophia Loren) rencontre un journaliste radio homosexuel (Marcello Mastroianni). Le film le plus célébré de Scola est aussi celui qui le voit abandonner l’ironie pour traiter directement un thème qui résonne dans toute son oeuvre : soit l’étude de la façon dont les conventions sociales isolent les individus et hiérarchisent les groupes. Le contexte du fascisme accentue ces différences.
Les nouveaux monstres (1977)
C’est probablement aussi pour compenser le sérieux et la sensibilité qui caractérisent Une journée particulière que Scola participe la même année aux Nouveaux Monstres, dont il réalise à lui seul la moitié des sketches et quelques-uns des plus mémorables (Eloge funèbre, avec Alberto Sordi). Les Italiens confirment leur maîtrise d’un genre qui a inspiré à l’Argentin Damian Szifron un hommage réjouissant l’an dernier avec Les Nouveaux Sauvages.
La Terrasse (1980)
Comme en écho à Nous nous sommes tant aimés, La Terrasse réunit des amis (un scénariste, un journaliste, un fonctionnaire de la RAI, un producteur et un communiste) qui du haut de la terrasse romaine de l’un d’eux, font le point sur leurs parcours et leurs désillusions. Anciens militants de gauche, ils ne peuvent que constater leurs échecs dans tous les domaines. Sans jeu de mots, Scola atteint sur cette terrasse un sommet dans le désenchantement. Fini de rire. Nous nous sommes tant trompés ?
Vision panoramique et partielle du grand cinéaste italien.
Avec Ettore Scola s’éteint l’un des derniers représentants d’une génération qui a contribué, au tournant des années 60, à l’une des périodes les plus riches du cinéma italien. Malheureusement, lui et ses pairs n’ont quasiment pas eu d’héritiers pendant longtemps, l’industrie n’ayant su ni préparer le terrain pour les générations nouvelles, ni résister à Berlusconi et à sa télé poubelle.
Mort du cinéaste italien Ettore Scola
Scola a commencé comme scénariste et script doctor (parfois pour Risi, avec Le fanfaron ou Les monstres). A partir de 1964, il passe à la réalisation et réalise une quarantaine de films à raison d’un par an en moyenne. Humaniste convaincu, il trouve dans ses documentaires pour le parti communiste un moyen de traiter frontalement des dysfonctionnements de la société italienne, alors que pour ses long-métrages de fiction, il a tendance à se réfugier derrière l’humour et la satire pour aborder des thèmes qui autrement seraient désespérants.
S’il fallait n’en retenir que cinq, les voici.
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