Jaume Balagueró : « On peut penser que je suis quelqu’un de sinistre au vu des films que je tourne »
Wild Side/Filmax/Le Pacte

Le réalisateur de REC revient avec Malveillance. Rencontre.

La Secte sans nom (2000), son premier long métrage, et Malveillance (2011), son dernier en date, sortent simultanément en Blu-ray. L’occasion de revenir avec Jaume Balagueró sur onze ans de bons et loyaux sévices.

Propos recueillis par Thomas Agnelli.

Première : Depuis La Secte sans nom, toutes vos histoires se terminent très mal...
Jaume Balagueró : La fin de La Secte sans nom a tellement marqué les esprits que c’est un peu devenu ma marque de fabrique. Je me suis amusé à répéter cette formule, et personne ne m’a jamais imposé de happy end. Honnêtement, je préfère le cinéma dérangeant au cinéma consensuel. Lorsque je vais voir un film, je sors heureux de la salle si son dénouement a été terrible ou bouleversant. À l’époque de La Secte sans nom, je cherchais à en mettre plein la vue et à trouver un scénario aussi désespéré que celui de Se7en. Darkness, mon film suivant, était également super déprimant -j’aimais bien l’idée que la menace vienne à la fois de la maison hantée et de la famille a priori idéale où chaque membre doit composer avec ses démons intérieurs. [•REC] se termine aussi très mal. Il n’y a que Fragile, mon troisième long métrage, une histoire de fantômes avec Calista Flockhart, qui, sans être foncièrement optimiste, s’achève sur une note d’espoir.

Malveillance n’échappe pas à une issue fatale...
Oui, mais là encore, la fin justifie les moyens. César (Luis Tosar), le gardien d’immeuble, est un monstre humain totalement insignifiant et donc insoupçonnable. À travers lui, je me suis amusé à maltraiter les autres personnages en transformant le bonheur de certains en malheur ou en rendant une petite fille bien moins innocente que cruelle. Après, ce n’est que du cinéma. On peut penser que je suis quelqu’un de sinistre au vu des films que je tourne. La vérité, c’est que tout le monde peut être sinistre ou sentimental, mauvais ou bon. Je ne suis pas pessimiste de nature, mais on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête de nos voisins, de nos enfants, de nos amis. On croit connaître les gens, alors qu’en fait ils restent une énigme.

Retrouvez l’intégralité de l’interview de Jaume Balagueró dans le dernier numéro de Première, actuellement en kiosques.