M6 diffusera ce soir Les Infidèles, mais avec une séquence de moins que prévu...
Mise à jour du 23 janvier 2017 : Les Infidèles, la comédie à sketchs orchestrée par Jean Dujardin et Gilles Lellouche, sera rediffusée ce soir sur M6 à partir de 21h. Quelques mois après sa sortie, Jan Kounen expliquait dans les pages de Première pourquoi sa séquence n'avait pas été retenue dans le montage final.
Actualité du 4 août 2012 : « C’est un sujet plutôt sensible pour moi, cette histoire... » Il le disait sans trémolos dans la voix, mais l’intensité de son regard ne trompait pas. Jan Kounen ne l’avait pas mauvaise, il l’avait triste. C’était à l’époque de la sortie en salles des Infidèles et il venait d’apprendre que son sketch, Ultimate Fucking, avec Mélanie Doutey et Jérôme Le Banner, venait de gicler du montage final du film. Pourquoi ? Quatre mois après, difficile de vraiment le savoir. On parle d’une projection-test désastreuse, d’un comité de censure qui aurait brandi la menace d’une interdiction aux moins de 12 ans, ou encore du fait qu’un montage final trop long aurait privé le film d’une séance quotidienne. On parle de beaucoup de choses, mais on n’est toujours sûrs de rien. Joint au moment des faits, Gilles Lellouche nous avait tout de même appris qu’il y avait eu « comme un gros coup de flip à propos du sketch de Jan ». L’expression était suffisamment opaque pour ne pas trop en dévoiler, mais aussi suffisamment claire pour nous faire comprendre que l’affaire Ultimate Fucking avait fini par embarrasser tous ceux impliqués de près ou de loin dans Les Infidèles. Effet pervers de ce couac malvenu, tout le monde rêvait du coup de découvrir ce fameux sketch signé par l’auteur de Vibroboy et Dobermann, qui promettait de sentir le soufre, le foutre et le sang frais. Au moins. Dans un précédent numéro, Dujardin et Lellouche suggéraient même qu’une version longue du film, intégrant le segment de Jan Kounen, pourrait ressortir en salles si le succès était au rendez-vous. Les presque 2,5 millions d’entrées des Infidèles n’ont visiblement pas suffi à exaucer ce voeu pieu, et il aura fallu attendre cette sortie DVD pour enfin voir Ultimate Fucking.
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Entre Frears et Evil Dead
Alors, shocking ? Euh, non, pas vraiment. À peine quelques traces d’hémoglobine par-ci, par-là et les visions chamanico-destroy d’une Mélanie Doutey et d’un Jérôme Le Banner forniquant dans une « manga room ». Attention, donc, à ne pas se monter la tête avant de jeter un coup d’oeil à la bête : le chien méchant qui montrait les dents, c’était à l’époque de Dobermann. Désormais, Kounen ne rue plus dans les brancards et signe ici, comme il nous l’avait expliqué il y a quelque mois, « une comédie trash assez sophistiquée qui débute comme du Stephen Frears avant de finir comme Evil Dead ». Soit une dizaine de minutes montées tambour battant, où un Lellouche à lunettes et pull Marks & Spencer se retrouve pris au piège dans la tanière d’un grand méchant loup expert en free fight. Mis en orbite par le flair visuel d’un Kounen visiblement déchaîné (plans virevoltants filmés à la grue, steadicam en feu, objectifs grand angle à gogo), le sketch a le mérite de ne ressembler à rien de connu. On y passe à la moulinette Les Petits Mouchoirs, du copain Canet (le « t’es une belle personne » lâché par Lellouche), on zigzague entre des tonalités et des humeurs contraires, le tout dynamité par un Dujardin de gala faisant une apparition en étudiant hippie ramolli et fan de mâchicoulis. Forcément, l’élimination du sketch lors du montage initial a de quoi nous filer quelques regrets. Avec Ultimate Fucking à son bord, Les Infidèles ressemble encore plus au prototype désordonné et malpoli souhaité par le binôme Dujardin-Lellouche, au portrait chinois de deux lascars pris en tenaille entre leur amour pour les films de Claude Sautet et ceux de Will Ferrell. Finalement, cette version longue remet de l’ordre dans l’équilibre des forces en présence, permettant à l’esprit potache et irrévérencieux (incarné par les segments d’Hazanavicius, de Courtès, de Kounen et par l’épilogue signé Dujardin-Lellouche) de reprendre le pouvoir sur un cinéma plus traditionnel (les sketches de Cavayé, de Bercot et de Lartigau). Avec un but commun, néanmoins : se marrer entre belles personnes de mauvais goût.
François Grelet
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