Affiches Films à l'affiche semaine du 5 juin 2024
Sony/ UGC/ Star Invest Films

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
BAD BOYS : RIDE OR DIE ★★★☆☆

De Adil El Arbi et Bilall Fallah

L’essentiel

Après un troisième volet mollasson, Adil El Arbi et Bilall Fallah ont enfin trouvé la formule pour faire un bon Bad Boys.

On doit à Adil El Arbi et Bilall Fallah le précédent volet de la franchise Bad boys. Un Bad Boys For Life particulièrement mou du genou et dénué de la folie de Michael Bay. On n’attendait donc pas grand-chose de leur nouvel opus des aventures des deux compères flics à Miami et... on avait en partie tort ! Au point de se demander si Bad Boys 3 n’était pas qu’une bande démo pour le duo de réalisateurs avant ce quatrième épisode réussi. Une réussite toute relative, soyons clairs : on est dans l’univers Bad Boys, qui repose sur la dynamique entre les blagues plus ou moins grasses de Martin Lawrence et le flegme fatigué de Will Smith, le long d’une intrigue policière aussi classique qu’une bavure. Mais les scènes d’action sont chouettes, le rythme est là, avec toute une palette de trucs visuels pour garantir qu'on ne regardera pas (trop) sa montre… Le film échappe à toute théorisation autre que celle de sa propre formule de buddy movie un peu papy, un peu vieillot, mais quand même bien déconnant !

Sylvestre Picard

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

LA PETITE VADROUILLE ★★★☆☆

De Bruno Podalydès

Bruno Podalydès a imaginé ici une joyeuse arnaque aux airs de satire sociale où un riche homme d’affaires demande à une de ses employées de lui organiser un week-end idyllique en échange d’une belle somme d’argent. L’intéressée invite dans la combine son mari et leur brochette d’amis fauchés qui vont tous se faire passer pour les membres d’un équipage marin et embarquer sur une fausse croisière fluviale dans l’espoir d’obtenir le plus d’argent possible du passager huppé. Si le récit de ce bidonnage est prétexte à filmer une pétillante valse de mensonges au sein d’une nature verdoyante, la réussite comique tient aussi à la performance enthousiaste de Daniel Auteuil qui s’amuse comme un petit fou dans la peau d’un séducteur au charme désuet qui se révèle moins naïf que prévu. Ce conte champêtre porte haut l’amour de l’illusion théâtrale et fait rêver le temps d’un week-end à un monde plus doux et apaisé.

Damien Leblanc

Lire la critique en intégralité

TUNNEL TO SUMMER ★★★☆☆

De Tomohisa Taguchi

Imaginez le croisement entre le somptueux Your name où deux lycéens se mettaient soudain à échanger leurs corps et Inception, où Nolan bousculait les réalités spacio- temporelles et vous aurez une petite idée de ce qui vous attend devant ce bijou d’animation, primé à Annecy. Car il y est aussi question de deux ados, deux personnages à la souffrance intériorisée (Kaoru au père violent et incapable de faire son deuil de la mort récente de sa petite sœur et Anzu, orpheline rêvant de devenir mangaka comme son grand- père) mais aussi de voyage dans l’espace- temps à travers un mystérieux tunnel permettant d’exaucer les vœux de ceux qui osent s’y aventurer en sachant que quelques secondes passées en son sein provoque un vieillissement accéléré. Poétique, sensible mais jamais larmoyant, Tunnel to summer parle avec la même superbe des cœurs qui s’emballent pour la première fois que de deuil et de la difficulté à se séparer de l’être cher.

Thierry Cheze

DISSIDENTE ★★★☆☆

De Pier- Philippe Chevigny

Grand Prix, prix d’interprétation féminine (Ariane Castellanos, impressionnante) et du public, ce premier long a trusté les trophées majeurs du festival de Saint- Jean de Luz et ce n’est que justice. Embrassant une réalité sociale invisibilisée au Canada (une main d’œuvre guatémaltèque exploitée sans scrupule), Pier- Philippe Chevigny s’appuie sur un travail d’enquête documenté pour développer une fiction centrée sur Ariane, une femme embauchée comme traductrice dans une usine québécoise qui va se rebeller contre cette forme d’esclavage moderne bien qu’elle- même en situation financière délicate. Il y a du Loach dans le parcours de cette héroïne coincée entre le marteau et l’enclume qui, cependant, n’a rien d’une simple copie, grâce à la manière avec laquelle Chevigny filme Ariane, toujours au plus près d’elle avec un sentiment d’étouffement donnant ainsi naissance à un film en immersion qui ne laisse pas indemne.

Thierry Cheze

L’AFFAIRE VINCA CURIE ★★★☆☆

De Dragan Bjelogrlic

En 1958, des chercheurs yougoslaves gravement irradiés à la suite d’un accident sont rapatriés en France alors qu’on les soupçonne de travailler sur l’élaboration de la bombe nucléaire. Le professeur Georges Mathé s’engage alors dans une course contre la montre pour les sauver en se basant sur les procédures expérimentales de ses récentes études et va révolutionner la cancérologie en pratiquant les premières greffes de moelle osseuse. Mais bien plus que le portrait de cet homme déterminé, L’Affaire Vinca Curie capture ici brillamment les rapports complexes entre des idéologies tout en questionnant les qualités du progrès scientifique dans un dialogue flouté par les différences culturelles. Dragan Bjelogrlic réussit à y saisir la beauté d’un curieux constat : les premières greffes de moelle osseuse ont sauvé la vie des premiers inventeurs de l’arme nucléaire.

Bastien Assié

LA GARDAV ★★★☆☆

De Thomas Lemoine et Dimitri Lemoine

 Si les vingt premières minutes de La Gardav pédalent dans la semoule avec un jeu d’acteurs en demi-teinte et une histoire qui peine à s’installer – celle de Mathieu, acteur en carton qui participe au clip de rap de son pote Ousmane dans un quartier de banlieue –, le film rebondit lorsqu’il décide de pousser plus loin les curseurs. Alors, le tournage dérape et les emmerdes s'enchaînent jusqu’à attirer la police sur place. Résultat des courses : Mathieu, un peu crétin, finit en garde à vue. De là prolifèrent les quiproquos hilarants où notre protagoniste et deux flics à la ramasse (Pierre Lottin et Benjamin Baffie, en grande forme) se renvoient la balle à coup de répliques toujours plus incongrues. Par son écriture autant pointue que rafraîchissante, La Gardav réussit une satire moderne du rapport police/banlieue et évite le discours politisé à outrance. Rires assurés !

Lucie Chiquer

ORLANDO, MA BIOGRAPHIE POLITIQUE ★★★☆☆

De Paul B. Preciado

« Dans ce film, je serai l’Orlando de Virginia Woolf. » C’est par cette phrase singulière que chaque protagoniste de ce documentaire s’introduit, face caméra. Ils sont 26, âgées de 8 à 70 ans, de transgenre à non-binaire, et incarnent à tour de rôle le personnage d’Orlando paru en 1928, le premier à avoir changé de sexe dans un roman. Un peu à la manière d’Agnès Varda, l’écrivain et militant transgenre Paul B. Preciado se transforme en marionnettiste et prend plaisir à mettre en scène ses personnages devenus figurines, opérant grâce à elles une amusante relecture contemporaine de l’œuvre de Virginia Woolf. En résulte un joli patchwork – quoiqu’un peu fouillis par moments – parsemés d’images d’archives et de témoignages actuels. Éminemment personnel et vulnérable, ce documentaire hybride n’en demeure pas moins instructif et confronte, toujours avec bienveillance, le spectateur aux questions de genre.

Lucie Chiquer

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

RENDEZ- VOUS AVEC POL POT ★★☆☆☆

De Rithy Pan

Célébré pour ses documentaires impressionnants (sur le fond comme sur la forme) dédiés à l’histoire du Cambodge et la politique dictatoriale des Khmers rouges dont il fut lui- même victime, Rithy Panh revient à ce sujet, par le prisme de la fiction : trois journalistes français sont invités pour réaliser un reportage, ainsi qu’un entretien avec Pol Pot, « camarade numéro 1 » du pays. Sur ce terrain, Panh se révèle moins à son aise que dans le documentaire, notamment dans sa direction d’acteurs. Et l’on se demande par exemple si Irène Jacob et Grégoire Colin livrent mal leur texte ou s’ils jouent bien les journalistes terrifiés par le régime autoritaire dans lequel ils ont mis les pieds. On est certain de peu de choses dans ce film, dans lequel le mélange fiction- images d’archives fonctionne mal mais on est sûr qu’il aurait gagné en intensité s’il s’était concentré sur Pol Pot et nous avait épargné toute une phase de découverte de l’envers du décor.

Nicolas Moreno

EN ATTENDANT LA NUIT ★★☆☆☆

De Céline Rouzet

Une famille proprette débarque dans un quartier résidentiel propret. Tout ça, on s’en doute, suinte la noirceur par tous les pores du lotissement. Le scénario ne ment d’ailleurs pas au spectateur d’emblée dans la confidence. Philémon, l’ado fraîchement débarqué dans la région, a besoin de sang pour (sur)vivre accentuant sa difficile intégration auprès de la jeunesse locale. La première partie parvient à installer un doux malaise et chaque membre de la famille cherche à dissimuler la « maladie » honteuse de l’aîné pour s’inscrire dans une norme aussi fragile que salvatrice. A travers le personnage de la mère notamment, la cinéaste élabore un habile suspense qui fissure un récit prêt à imploser sous les coups du boutoir d’une tension sourde. Malheureusement, le scénario marque le pas et s’installe sur les rails d’un coming of age convenu où le fantastique devient prétexte à rejouer l’éternel partition des contrariétés adolescentes. Dommage.

Thomas Baurez

 

Et aussi

Or de vie, de Boubacar Sangaré

Une femme pour Gianni, de Kartik Singh

Les reprises

L’Armée des ombres, de Jean- Pierre Melville