Million Dollar Baby
Warner Bros

Ce très beau drame sur le milieu de la boxe réalisé par Clint Eastwood a ému les spectateurs, en 2005.

C8 rediffuse à 21h15 le très beau film de Clint Eastwood, Million Dollar Baby. Une grande leçon de cinéma, d'humanité et de poésie. Voici ce qu'en avait pensé Première à sa sortie sur grand écran, au printemps 2005.

L’ombre et la lumière. La première impression qui se dégage de ce vingt-cinquième film de Clint Eastwood est la justesse. Pas une parole de trop, pas une faute de goût pour alourdir un récit qui va à l’essentiel. L’histoire, adaptée d’un recueil de nouvelles sur le milieu de la boxe, lie intimement les destins de trois personnages qui, bien que d’importance apparemment égale, contribuent surtout à définir l’entraîneur joué par Clint. C’est un personnage contrasté: prudent mais déterminé, tranquille mais hanté. On soupçonne une part d’autobiographie dans ce rôle marqué par les relations filiales et le remords que Clint joue avec une conviction révélatrice. À cet égard, il n’a jamais été mieux qu’ici dirigé par lui-même. Probablement parce qu’il n’y a jamais eu une telle convergence de préoccupations artistiques, morales et philosophiques entre un cinéaste et son interprète.

Si l’âge de Frankie Dunn est un facteur  déterminant, il n’est pas une promesse de quiétude: il vient avec son cortège de remords, de démons et d’angoisses. Bien que Frankie déteste les risques (comme le fait remarquer avec humour le narrateur, magnifiquement joué par Freeman), il est amené à prendre des décisions difficiles. La plus grave d’entre elles (sur laquelle il vaut mieux en dire le moins possible) est tellement mûrie et concertée qu’elle pourrait passer pour une prise de position personnelle d’Eastwood. Généralement, Million Dollar Baby examine le revers de chaque médaille, rappelant la minceur de la frontière entre l’espoir et le néant, la réussite et l’échec. Ses personnages sont attachants parce qu’ils vivent avec dignité et courage en assumant leurs responsabilités. S’il leur arrive de tomber, ils ont la consolation d’avoir essayé.

Il y a dans le film une part égale de joie et de tristesse qui se manifeste peut-être de la façon la plus frappante (sans jeu de mots) chez le personnage de Maggie. Hilary Swank l’incarne avec la vérité de quelqu’un qui est passé par là. Sa rage de vivre est propulsée par une énergie qui fait peur lorsqu’on envisage à quoi cette même énergie pourrait être utilisée. Visuellement, la cohabitation des contraires se traduit par un dosage magistral de l’ombre et de la lumière. Et c’est dans une lumière crépusculaire, «entre nulle part et adieu» que Clint se matérialise dans la dernière image du film. Il impressionne d’autant plus qu’on ne le reverra pas sur un écran avant longtemps.


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