Le réalisateur Troy Quane nous explique comment son film d’animation est autant inspiré par 007 que Hubert Bonisseur de La Bath.
Un an après son passage au festival d’Annecy où il dévoilait les premières images des Incognitos lors d’un work in progress, Troy Quane était de retour en 2019 avec quelques extraits inédits. Rencontre avec le réalisateur de ce film d’animation où un super espion (doublé par Will Smith) est transformé… en pigeon.
On ressent immédiatement l’influence de James Bond dans le design de l’univers des Incognitos, mais quels autres films d’espionnage ont été une source d’inspiration ?
Troy Quane : Je suis fan du genre depuis tout petit, j’en ai regardé des centaines. Et avant la production, j’ai évidemment revu tous les James Bond, les Mission : Impossible, la série et le film The Man from Uncle (Agents très spéciaux : Code UNCLE en version française, NDLR), OSS 117...
OSS 117 ?
Ça vous étonne ? J’adore ces films ! Comme je suis Canadien, je baigne plus dans la culture européenne que les Américains. Si notre personnage principal, Lance Sterling, est né aux États-Unis, on voulait que Les Incognitos ait un côté international. L’action se déroule un peu partout dans le monde, dans de vrais endroits. Il fallait que ce soit tangible pour le spectateur. Et surtout je suis très fan de l’humour d’OSS 117 : c’est parfaitement ridicule mais Jean Dujardin le joue avec un sérieux incroyable. Ça allait bien avec notre film parce qu’on ne voulait pas faire du slapstick. L’histoire est un peu timbrée et des choses dingues arrivent, mais il fallait que ce soit traité sérieusement pour que ça fonctionne. OSS était donc une excellente base de travail.
La scène de poursuite en voiture m’a beaucoup fait penser à Mission : Impossible dans l’esprit…
Bien sûr. Tom Cruise est imbattable, mais on voulait avoir le même rythme et le même sens du cadre que cette saga. En animation, il n’y a théoriquement aucune limite, mais on a préféré tourner ces scènes comme si elles étaient en prises de vue réelles, pour atteindre une forme de réalisme.
Justement, comment reste-t-ton réaliste quand le personnage principal est un pigeon ?
Plus facile à dire qu'à faire, hein ? Je crois que ça devient encore plus important, en fait. Comme c’est une idée dingue, si le monde autour n'a pas l'air un peu vrai, tout s’écroule. Il faut des règles - à la fois visuelles et de storytelling - pour que fonctionne. On a fait beaucoup d’efforts sur le cadre notamment, qui ressemble vraiment à du cinéma en live action. Sauf que ça peut devenir un casse-tête : comment mettre dans le même plan Lance en pigeon et un humain, alors qu’entre les deux il y a une énorme différence de taille ? C’est passionnant.
Pourquoi voit-on très peu de cinéma de genre dans l'animation américaine ?
Parce qu’aux États-Unis, l'animation a tendance à être vue comme un genre en soi. C’est une erreur. Mais les choses évoluent, c'est déjà le cas depuis longtemps en Europe et au Japon. Et je crois que les plateformes de streaming vont permettre d’avoir accès plus facilement à ces films. En plus le monde des effets visuels est en train de changer : regardez les film de super-héros ou les remakes de classiques Disney, la plupart sont faits en animation même si on dirait que c'est du live. La frontière entre les deux devient de plus en plus poreuse, ce qui ouvre la possibilité à des films de différents styles. D’ailleurs beaucoup de réalisateurs de comme Jon Favreau, Brad Bird ou Gore Verbinski font constamment l’aller-retour entre live action et animation et ne se posent pas de questions. L’important, c’est de savoir ce qui visuellement servira le mieux le projet.
Les Incognitos, sortie le 25 décembre prochain. Bande-annonce :
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