Rencontre avec le réalisateur qui a quitté la performance capture pour du live avec Flight.
Flight est votre premier film « classique » depuis Seul au monde (2001). Vous avez tourné des longs métrages d’animation pendant plus de dix ans. Était-ce par choix ? Pour moi, cinema is cinema. Réaliser un film en animation digitale ou en prises de vues réelles revient juste à utiliser des outils différents pour accomplir la même chose. J’aime tout l’arsenal du cinéma, je ne veux rien laisser de côté. Mon problème, c’est que je ne travaille pas dans le cadre d’un genre précis. Certains réalisateurs ne font que de l’action, de la comédie ou de l’horreur. Moi, j’aime tout ! J’ai tourné Le Pôle Express (2004) car je rêvais de comprendre comment il était possible d’y arriver. Mais je ne vais pas me mettre au noir et blanc parce que je ressens soudain l’envie de réaliser un film en noir et blanc. Non. Si un script du calibre de La Liste de Schindler se présente, alors ce sera le moment de le faire.
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N’empêche, on a souvent le sentiment que c’est le concept, le défi technologique qui passe en premier... Je vois ce que vous voulez dire. C’est parce que je fais en sorte que le projet du film détermine sa mise en scène. C’est ma façon de m’approprier une histoire. Là encore, je ne sais pas faire autrement. Peut-être que je réfléchis trop. Je tournerais sans doute davantage si je ne réfléchissais pas autant.
Vos récentes mésaventures animées sont-elles responsables de votre retour au cinéma traditionnel ? Non, il est simplement dû au fabuleux script de Flight. En dix ans, je n’ai jamais eu l’impression de fuir quoi que ce soit. Ni de rater grand-chose, d’ailleurs.
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D’un point de vue conceptuel, Flight est le film miroir de Seul au monde : un crash d’avion suivi d’une performance de star. C’est aussi le cas d’un point de vue thématique : on pourrait échanger leurs titres, on n’y verrait que du feu... C’est exact. Ce sont deux histoires d’hommes qui se retrouvent mis au banc de la société, isolés. J’étais un peu inquiet au début concernant la scène du crash. Je me demandais si les gens n’allaient pas trop penser à Seul au monde. Mais qu’est-ce que j’y pouvais ? C’était dans le script ! On aurait pu mettre un accident de bus à la place, mais le drame de l’alcoolique repentant est beaucoup plus fort quand le personnage est un pilote d’avion. Et je vous assure que j’ai surtout fait le film pour tout ce qui se déroule après le crash. J’ai adoré ce scénario parce qu’il n’y avait pas de méchant, qu’il était nourri d’ambiguïtés et avait un très gros potentiel dramatique.
Propos recueillis par Benjamin Rozovas
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