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Grand gagnant de l'Oscar du meilleur documentaire il y a quelques jours, Icare est visible sur Netflix, et il est absolument fascinant. Aux antipodes de sa comédie romantique indépendante, Jewtopia, sortie en 2014, Bryan Fogel s'intéresse ici au dopage. Interloqué par les succès dingues, puis la chute, de Lance Armstrong, cet Américain passionné par le cyclisme se demande jusqu'à quel point il serait facile de se doper avant de participer à une course reconnue sans se faire attraper. Il décide alors de servir de cobaye au cours de La Haute Route, une compétition officielle exigeante. Ayant fait 13e lors d'une première course, il accepte de suivre un programme de dopage de plusieurs mois en espérant faire mieux lors de l'édition de 2014. C'est ainsi qu'il entre en contact avec Grigory Rodchenkov, l'homme à la tête de la fédération anti-dopage de Russie, un beau parleur qui aime la vodka et les chiens et s'avère rapidement être un "docteur dopeur" prenant son "vrai" travail très au sérieux : il est prêt à prendre l'avion jusqu'aux Etats-Unis pour recueillir des échantillons d'urine de son nouveau champion, afin de les étudier dans ses propres labos.
Du docu empirique au thriller politique
Après cette introduction un peu "gadget", où le documentariste se pose en personnage principal de son film en enchaînant les piqûres censées booster ses capacités (au cours de séquences "choc", certes, mais qui n'auront finalement pas d'impact sur l'histoire), son "coach" haut en couleur se retrouve d'un seul coup propulsé au coeur du docu. Le "twist" ? Une enquête allemande dénonçant l'existence d'un dopage d’État en Russie révèle que celui-ci a été chapeauté par un médecin chargé de généraliser le protocole (Grigory, donc). Lorsque le scandale éclate, Rodchenkov prend peur. Craignant pour sa vie, il quitte sa femme et ses proches pour les Etats-Unis et rejoint son cobaye américain, suivant ainsi le chemin inverse d'Edward Snowden, caché en Russie pour ne pas risquer d'être éliminé dans son pays d'origine. Grigory accepte alors de témoigner contre ses patrons, Vladimir Poutine en tête. C'est là que le documentaire se transforme en véritable thriller politique, avec ses appels paniqués, ses employés assassinés et son "héros" parano étant obligé de se cacher.Si le message politique est parfois un peu trop appuyé (les lectures de 1984, de George Orwell, les "étapes" à suivre), ce mélange de genres et d'intrigues plus folles les unes que les autres (la Russie qui perd son autorisation de participer aux Jeux Olympiques de Rio avant de la "regagner") font d'Icare un film édifiant.
Icare