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Quoi de neuf sur le Vieux Port ? Rien ou presque. Des touristes-badauds aperçus à bonne distance depuis une rue adjacente où l’un des jeunes héros de cette Pie voleuse s’occupe avec sa femme d’une petite agence immobilière. Costard moche et attitudes marconistes. Rien à sauver, ou presque. Robert Guédiguian fait, on le sait, battre le cœur de son film éternel plus au nord, vers l’Estaque loin du centre-ville gentrifié. Plus au calme surtout. Ici on porte des tenues ensoleillées avec le sourire telle la Pie bien voleuse (Ascaride) qui avec ses cabas avance sans trop courber l’échine. Elle est assistante à domicile pour personnes plus ou moins âgés dont l’un (Darroussin) se trouve être justement le père du vendeur d’apparts bien peigné (Leprince-Ringuet) La gentille confidente arrondit les angles et les fins de mois sur le dos des personnes dont elle a la charge. Le drame tisse gentiment sa toile autour d’hommes et de femmes qui forment la comédie humaine du cinéaste. Chacun et chacune a ses raisons. Peut-être, mais ça ne suffit pas. Guédiguian porte l’axiome renoirien à bout de bras pour réaffirmer sa vision d’un monde plus juste où l’erreur se corrige. Pour preuve, le vendeur d’appart séduit par la fille (Marilou Aussilloux) de celle qui menace son héritage finirait même par remettre en question ses visées immobilières. La beauté du geste tient dans cette façon anti-spectaculaire (mise en scène à l’épure souveraine) mais efficace (ça va vite) de tenir en haleine un spectateur qui n’est jamais pris pour un touriste.