Première
par Isabelle Danel
Ce premier long métrage de fiction du documentariste Andrea Segre s’intéresse au sort des étrangers vivant dans les faubourgs des grandes villes italiennes. Nourri de détails justes (dont certains, comme le pouvoir de l’organisation mafieuse qui gère la main-d’oeuvre immigrée, font frémir), le film oscille joliment entre réalisme et onirisme. Malgré certaines longueurs et quelques trous dans le scénario sur la fin, il y a, dans La Petite Venise, une qualité de regard pleine de grâce. Et la lagune, la mer débordant sur le port et arrivant parfois jusque dans le bar, toutes ces beautés, rehaussées par la magnifique lumière du chef opérateur Luca Bigazzi, ne sont rien à côté de celle des personnages. À la fois simples et profonds, ils sont habités par deux comédiens bouleversants : Zhao Tao, l’actrice fétiche de Jia Zhang Ke (Still Life) et Rade Serbedzija, homme de théâtre croate et second rôle du cinéma international depuis Before the Rain, de Milcho Manchevski (1994).